L’étonnante aiguille à coudre

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Je dois vous surprendre avec le titre de ma chronique. C’est voulu ! Récemment, en entendant parler un anthropologue à la télévision qui s’extasiait devant l’invention de l’aiguille à coudre, j’ai eu le goût, à mon tour, de faire pareil. Il est rare qu’un objet, un outil, puisse traverser toutes les époques sans trop se métamorphoser. D’où la raison de rendre hommage à ce petit bout d’acier si pratique qui a permis, en quelque sorte, de sauver des vies depuis la nuit des temps.

Quand je pense à son parcours, digne d’un conte pour enfant, ça m’impressionne ! Inventée en Asie il y a 45 000 ans, l’aiguille à coudre, même si son format a évolué et joue toujours le même rôle au 21e siècle, a permis, notamment, d’assembler des vêtements plus chauds pendant les périodes glacières, de faire des sacs, des récipients et des abris plus stables en peaux d’animaux. Peu importe sa texture autrefois, en bois, en ivoire ou en bois de cervidé, elle a accompagné l’homme sans relâche dans la découverte du monde. Comme quoi l’instinct de survie est plus fort que tout !

De nos jours, l’aiguille à coudre, même si elle est bien utile, semble démodée mais… pas pour tout le monde. Les plus âgés, sans la vénérer, en gardent encore à la maison pour coudre un bouton ou repriser un vêtement. D’ailleurs, quand on y pense, que ferions-nous sans elle ? Comment le chirurgien ferait-il des points de suture lors d’une opération ? Comment l’artisan arriverait-il à créer des bijoux et le grand couturier à confectionner des robes somptueuses ? Comment les passionnés de broderie pourraient-ils tisser des points ?

Sans l’aiguille, la machine à coudre industrielle ne veut plus rien dire pour les entrepreneurs ambitieux préoccupés par la rentabilité et la vitesse ? Mais rien ne bat, il me semble, la main d’une couturière habile qui manie l’aiguille en métal sur un tissu délicat comme artiste-peintre avec son pinceau sur un tableau.

Solide comme un roc, elle peut parfois se faire violente si on ne s’en méfie pas en cousant. Je me souviens de ma mère qui réparait un vêtement, à l’étage du haut, avec sa machine à coudre Singer. Distraite par l’arrivée soudaine de mon père à la maison, une minute avait suffi pour que la méchante aiguille lui transperce un doigt de bord en bord. Jamais je ne l’avais entendue crier autant ! Mais le lendemain, le doigt emmailloté, elle reprenait avec prudence ce qu’elle avait entrepris la veille.

Source :  https://www.museum.toulouse.fr/-/auxoriginesdelacouturelesaiguillesachasdupaleolithique

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