J’ai bondi de ma chaise en lisant l’excellent article Le bruit qui court de Marie-Hélène Proulx dans L’actualité. Et pour cause ! La journaliste parle de l’intolérance de plus en plus grande des gens à l’égard du bruit que font les enfants en jouant dehors. En est-on vraiment rendus là ?
Alors que, pour moi, des enfants qui rient, parlent, crient, pleurent, courent et jouent dehors autour, c’est beau, c’est vivant, c’est amusant, rafraîchissant, voire stimulant ! Pour d’autres, c’est intolérable ! J’ai du mal à le comprendre ! Et ce sont souvent, mais pas toujours, des personnes âgées qui s’en plaignent. Ils en viennent même parfois à faire front commun pour expulser des enfants ou des ados autour de leur maison en se rendant jusque devant les tribunaux. J’éprouve le même malaise et la même incompréhension pour d’autres, des télétravailleurs qui chialent et sont tout aussi exaspérés par la présence de jeunes qui dérangent dans leur environnement.
Ces adultes, « de grands individualistes », ne veulent faire aucun compromis. Ils cherchent la paix. Mais les enfants restent des enfants. Ils aiment s’amuser, s’agiter, bouger et sont loin d’être des plantes vertes. Tout le monde sait ça !
Sur ce plan, la journaliste cite un cas intéressant, celui d’une famille partie en vacances et, pendant leur absence, un « gentil » voisin glisse une lettre, non signée, la remerciant d’être partie. Le bruit des enfants l’agaçait et le dérangeait. C’est quand même renversant un si grand manque de tolérance ! Et qui en paie le prix ? Des enfants et des parents qui se sentent « exclus » dans leur propre quartier.
En revanche, il ne faut pas généraliser ni voir un manque de tolérance partout autour de nous. À ce propos, l’autrice ajoute : « À tout coup, de telles affaires soulèvent des tonnes de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias, la vaste majorité dénonçant l’apparente montée de l’intolérance envers les enfants et les ados, ainsi que les ravages du “pas dans ma cour”. »
Pourtant, avant, c’était différent… il me semble. Reportons-nous aux années 1950, 1960 et 1970. Les familles étaient nombreuses à cette époque. Il n’était pas rare de voir cinq à dix enfants par famille. Ça bougeait beaucoup et ça faisait du bruit ! Les voisins comprenaient et s’en accommodaient même s’ils étaient devenus âgés.
Bien sûr, me direz-vous, le contexte a changé. On vit dans une société plus bruyante. Il y a davantage de circulation et de voitures sur les routes, la population a augmenté et le territoire est davantage occupé, créant ainsi, qu’on le veuille ou non, une plus grande proximité avec les autres. Mais tout cela ne justifie pas pourquoi les enfants et les ados ne peuvent plus vivre leur vie dehors sans qu’ils deviennent un poids pour les autres !
Au lieu de les voir comme des intrus, on devrait plutôt apprendre à côtoyer et apprécier ces jeunes générations montantes pour ce qu’elles nous apportent de renouveau dans nos vies ! Il s’agit de notre avenir… de notre relève après tout. Alors, pourquoi ne pas les laisser vivre leur vie ?
Source : Proulx, M-H. L’actualité, Le bruit qui court. Décembre 2024.
Vignette : Certains voisins ne tolèrent pas que des jeunes jouent bruyamment. © Claude Poulin




2 Comments
Excellent article Merci! ça nous rafraîchit
Merci de vos bons mots qui me font bien plaisir!