L’histoire invraisemblable d’Anne Émond

Sabrina Gamache-Mercurio

Ce mois-ci, j’avais l’intention de plonger dans l’anecdotique et vous faire part d’une histoire tellement invraisemblable qu’on y croit à peine. En 1696, un procès portant sur une histoire impossible est sur le point de commencer.

Anne Émond, 16 ans, résidente de Saint-François-de-l’Île-d’Orléans, est accusée de s’être travestie et d’avoir colporté des rumeurs ayant de graves conséquences ! J’ai votre attention ? Voici l’histoire !

En l’an 1696, plusieurs habitants de l’île d’Orléans sont appelés à rejoindre le gouverneur Frontenac, à titre de milicien, pour aller combattre les Iroquois dans les Pays d’en haut. Tout homme âgé de 16 à 60 ans devra se rendre à l’île Perrot pour le début de juillet.

Le plan

Joseph Gaulin, habitant de l’île d’Orléans, n’a pas l’intention de se faire enrôler dans cette guerre qui se prépare. Non seulement n’a-t-il pas envie d’y aller, mais il profitera de la naïveté d’Anne Émond, 16 ans, pour arriver à ses fins. Il exposa à la jeune adolescente les dangers que lui-même, son amoureux, ainsi que René Émond, son frère, et plusieurs autres encouraient en allant se battre contre les Iroquois. Il lui fit comprendre aussi qu’elle pouvait les sauver tous les deux si elle suivait son plan. Mais quel était son fameux plan ?

Il lui suggéra d’emprunter les hardes de son frère René et, la journée où le milicien quitterait l’île, de se rendre jusqu’à Québec, prétextant s’être évadée d’une prison de Boston. Elle devra aussi dire au gouverneur Frontenac qu’elle a vu 34 navires prêts à attaquer la ville de Québec et que, pendant près de quatre jours, elle les a vus remplir les navires de poudre à canon en plus d’avoir entendu que 11 000 hommes s’apprêtaient à embarquer. Pour couronner le tout, elle devra ajouter qu’en passant par Rivière-du-Loup elle vit quatre navires ennemis accoster à Tadoussac. Les chances que le gouverneur quitte la région, dans le Nord, avec ses hommes alors qu’une menace importante arrive du Sud seraient presque nulles.

Passer à l’action

Anne y pensa longuement, mais finit par accepter et c’est au début de juin qu’elle entame son épopée en tant qu’homme jusqu’à la ville de Québec. Elle croise le canotier Jean Bouchard dit Dorval à qui elle raconte son histoire et insiste pour rencontrer Frontenac. Le canotier s’empresse de l’amener devant le gouverneur, puis d’aller colporter, à son tour, l’histoire d’Anne auprès des citoyens de la ville de Québec.

Anne put raconter son histoire ; ensuite, elle demanda à manger. C’est à ce moment qu’on remarqua que ses vêtements, trop grands, cachaient quelque chose. Elle fut ramenée en présence du gouverneur et du sieur Monseignat devant qui elle nia être une femme. Évidemment, lorsqu’on lui demande de le prouver, elle ne peut plus nier.

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