Chronique littéraire

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L’homme aux chats

Publié aux Éditions Boréal Noir, c’est un roman de Michèle Ouimet. Tous les amateurs de romans noirs apprécieront certainement le suspense admirablement ficelé de la journaliste bien connue qui a écrit pour le journal La Presse de 1989 à 2018. L’homme aux chats met en scène une journaliste et un enquêteur, personnages principaux que l’auteure a choisis car le journalisme est un métier qu’elle connaît et qui la passionne et qu’un polar ne peut se passer d’un personnage d’enquêteur.

On retrouve également le personnage du psychopathe, une figure qui fascine l’auteure, car il demeure bien souvent une énigme insoluble. L’intrigue débute tandis que Montréal est en état de choc. Une quatrième femme a été retrouvée morte dans une ruelle de la ville, sauvagement torturée. Il s’agit de l’œuvre d’un tueur appliqué, minutieux, perfectionniste qui obéit à un rituel immuable.

Pourtant, ni la police, ni les journalistes n’arrivent à trouver une piste qui les mènerait à l’assassin. La journaliste Marie Pinelli se voit pressée par Jean-Marc, son patron, d’obtenir une exclusivité. Pourquoi l’enquête policière piétine-t-elle ? François Prévost, chargé de l’enquête, n’est pas le type alcoolique, ni désabusé. C’est un personnage humain qui ne peut s’empêcher d’être bouleversé par ces drames humains, petits et grands, dont il est témoin tous les jours.

Tandis que Marie Pinelli doit affronter ses propres démons qui la tiennent éveillée la nuit, elle manifeste un profond intérêt envers l’affaire. Elle remuera ciel et terre pour arriver à ses fins, quitte à mettre sa vie en danger en s’approchant trop du psychopathe. Ce roman noir nous ménage parfois des éclaircies, nous promène entre rire et horreur, entre violence et tendresse. Michèle Ouimet nous entraîne dans une plongée vertigineuse au plus profond de la conscience (ou de l’absence de conscience) d’un tueur en série, défi difficile qui lui a apporté du plaisir en plus de son lot de sueurs froides et de quelques maux de tête, mais qu’elle a relevé avec brio. Un excellent roman. À découvrir !

Morel

Publié aux Éditions Le Cheval d’août, Morel est un roman de Maxime Raymond Bock. Dans ce livre, l’enjeu de la mémoire est fondamental, celle d’un homme et d’une ville : Montréal. Cet homme ordinaire contribue à la transformation de la métropole dans les années 1960 et 1970 tout en subissant les contrecoups de la modernité.

Pour créer son histoire, Maxime Raymond Bock s’est inspiré très librement de sa vie familiale afin de créer un roman riche et complexe sur la vie ouvrière, même si le Morel du roman a peu à voir avec son père. L’auteur, qui s’intéresse à la permanence de l’histoire et aux traces du passé, présente des personnages ordinairement sans voix dont la vie est aussi dense et complexe que celle des gens riches et célèbres.

Ceux que nous découvrons sont issus de quartiers entiers de Montréal qui ont été rasés pour faire place à l’Expo 67 et aux Jeux olympiques de 1976. Des gens qui ont été déplacés pour réaliser un beau portrait à offrir au monde. Pour ce faire, Maxime Raymond Bock a entrepris des recherches en 2012 sur l’histoire de Montréal. Morel est un homme tout en nuances. Alcoolique pouvant sombrer dans la violence, il est également capable d’aimer, même maladroitement.

Sa plus grande richesse est son humanité. Les différents niveaux de langage dans le livre illustrent la lutte des classes, marquant l’identité du Québec. Livre à la fois historique, social et familial, Morel est un roman à découvrir. C’est le premier roman de l’auteur qui avait déjà publié deux recueils de nouvelles : Atavismes et Les noyades secondaires.

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