Souvenirs d’enfance à l’île d’Orléans

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Au début de l’été, dans mon enfance, quand sonnait la fin des classes à l’école de Sainte-Famille, les élèves avaient un sourire en coin. C’était le temps des vacances, des plaisirs de l’été, des sorties en famille, des jeux sans interruption avec des amis. Pour d’autres, c’était aussi celui des camps comme celui de Saint-François qui existe depuis plus de 70 ans et le travail dans les champs.

On faisait le grand ménage dans la classe. On rangeait nos affaires. On nettoyait nos bureaux de fond en comble. On visitait aussi la nouvelle classe qui nous attendait l’an prochain et on nous parlait un peu du nouvel enseignant. On entendait des rumeurs. Les plus vieux s’en plaignaient ou en faisaient l’éloge dans la cour de l’école. De toute façon, on se disait qu’on avait bien le temps d’y penser puisqu’on avait de longues vacances devant nous.

Après les derniers Au revoir et à l’an prochain !, nous courions vite à la maison déposer nos lourds sacs d’école remplis de cahiers d’exercices à moitié complétés, de livres, de dictionnaires, de crayons, de règles… Nous étions désormais libres de faire tout ce que nous voulions.

C’est ce que je croyais, mais ce n’était pas la réalité, comme celle de bien d’autres jeunes de mon âge à l’île. Il fallait aider nos parents dans leur commerce, au garage, à l’épicerie, dans les casse-croûtes ou sur les fermes. Nous, c’était à la boulangerie. On faisait de petites corvées simples comme emballer du pain après le souper. C’était agréable de travailler en famille et on se sentait utile. Et surtout, on savait qu’on aurait encore du temps pour jouer dehors et s’inventer des jeux avec les amis et même avec nos poupées, cueillir des fleurs des champs pour maman ou courir sur la route du quai.

Le fleuve était à nos pieds. Avec ma sœur, nous nous rendions souvent sur ce quai (inaccessible maintenant), construit en 1876 à l’initiative du curé de l’époque, pour sentir la brise et admirer le paysage de la Côte-de-Beaupré de l’autre côté du fleuve. On espérait même trouver, sur le bord de la rive, une vieille bouteille jetée à la mer avec un message. Parfois, si on avait un peu de chance, on pouvait voir passer le Duc d’Orléans (1948-1978), une attraction touristique populaire dans le temps. De nos jours, c’est la navette fluviale Québec – Sainte-Anne-de-Beaupré qui l’a remplacé dans la modernité.

L’été amenait aussi d’autres petits bonheurs : nos ballades du dimanche en famille pour aller se baigner à la plage de Saint-Jean ou à celle de Saint-François, jouer au ballon et pique-niquer. Bref, c’était ça les vacances de mon enfance ! De nos jours, même si la vie a changé, c’est encore ça pour bien des familles. Bonnes vacances !

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2 commentaires

  1. Hélène Laverdière on

    Meci Madame Blouin
    Exactement le même genre de fin des classes que moi. J’habitais St-Jean.. Nous passions nos journées au quai à se baigner, à se faire bronzer et dîner bien souvent, si la marée nous le permettait. Après le souper, avec mes voisins, on emballait du pain frais . Moi, c’était chez les Giguère. Après, on jouait à la cachette ou encore au ballon prisonnier. Que de bons souvenirs. Merci d’avoir partagé les délicieux moments.

  2. Merci de vos bons mots Madame Laverdière! Oui, je me souviens de la boulangerie Giguère de Saint-Jean. Plus tard, un de leur fils est venu travailler pour mon père.

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