« Poutine, un Russe très nationaliste » – Anne Leahy

Peu d’insulaires peuvent se vanter d’avoir rencontré le président de la Russie qui fait la manchette pour les mauvaises raisons, Vladimir Poutine. C’est le cas d’Anne Leahy qui a fait sa connaissance fin 1999 alors qu’elle agissait comme ambassadrice du Canada en Russie.

À cette époque, Poutine venait d’accéder à l’administration présidentielle au Kremlin, à Moscou.

« Notre rencontre s’est déroulée sans thème précis. J’ai trouvé intéressant de voir qui il était, car il était peu connu il y a 23 ans. Je l’ai trouvé taciturne avec des petits yeux perçants. Homme de peu de mots, il était très attentif à mes propos », se rappelle la résidente de Sainte-Pétronille.

Comme il se retrouvait dans un environnement favorable puisqu’il côtoyait les gens de pouvoir, l’homme a évolué, aux dires de l’ancienne diplomate.

« Je le considère comme un Russe très nationaliste. Il était ouvert à l’économie libre à la suite de la chute du communisme et de l’arrivée du capitalisme. Je sens toutefois qu’il aimerait retrouver une Russie puissante comme à l’époque de l’URSS. Voilà pourquoi il a envahi la Géorgie en 2008, la Crimée en 2014 et l’Ukraine il y a quelques semaines », a analysé Mme Leahy.

Elle note le même modus operandi du président afin d’arriver à ses fins : création d’événements terroristes suivis d’une invasion.

Anne Leahy rappelle que Vladimir Poutine a pu accéder à la tête du pays puisque Boris Elstine, son prédécesseur, le considérait comme son dauphin. Il a gravi les échelons en passant du KGB au poste de premier ministre, puis à celui de président.

Il faisait auparavant partie de l’administration municipale de Saint-Pétersbourg. Puisqu’il parlait l’allemand, il avait été désigné pour attirer des investisseurs de l’Allemagne, après la Perestroïka.

Feuille de route chargée

Mme Leahy a dû collectionner les passeports car la détentrice d’un baccalauréat en économie de l’Université Queen’s et d’une maîtrise en économie de l’Université de Toronto a été affectée à la Mission du Canada auprès de la Communauté européenne à Bruxelles, de 1974 à 1976.

De 1982 à 1986, elle a œuvré comme conseillère et représentante au comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques à Paris. De 1989 à 1992, elle a été ambassadrice au Cameroun, au Tchad et en République centrafricaine. De 1993 à 1996, elle a agi comme ambassadrice en Pologne et, de 1996 à 1999, en Russie, en Arménie, en Ouzbékistan et en Biélorussie.

Anne Leahy a travaillé comme coordinatrice fédérale pour les Journées mondiales de la jeunesse 2002. En 2002, elle devient directrice fondatrice de l’Institut d’études internationales de Montréal à l’Université du Québec à Montréal. De 2004 à 2007, elle a été ambassadrice dans la région des Grands Lacs, en Afrique, et coprésidente du Groupe des amis des Grands Lacs de la Conférence internationale pour la paix, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs.

De 2008 à 2012, Anne Leahy a occupé la fonction d’ambassadrice du Canada auprès du Saint-Siège, à Rome. Après avoir pris sa retraite, elle a été nommée coordonnatrice de la transition papale pour le ministère des Affaires étrangères du Canada en 2013.

Aujourd’hui, elle enseigne comme professeure auxiliaire à l’École d’études religieuses de l’Université McGill.

Vignette : Anne Leahy a rencontré Vladimir Poutine en 1999. ©Courtoisie

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