Chronique littéraire

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Le vrai district 31 – De la réalité à la fiction

Publié aux Éditions Druide, c’est un récit de Philippe Paul, ex-enquêteur au SPVM, avec une préface de Gildor Roy. Philippe Paul, auteur des best-sellers Coupable d’être policier et Code 4-1, invite les lecteurs à s’asseoir dans le siège passager d’une auto-patrouille pour découvrir les faits les plus marquants de son parcours de jeune policier au poste de police du District 31 de Montréal, à la fin des années 1980.

Il souhaite ainsi démystifier un travail souvent présenté en mode accéléré dans les œuvres de fiction. Son récit, truffé d’anecdotes parfois étonnantes et souvent drôles, ne contient que des faits vécus et documentés. C’est en 1986 que Philippe Paul est devenu patrouilleur au sein du District 31, un poste de police de Montréal où l’action ne manquait pas.

Il vivra plusieurs années mémorables à traquer les criminels et à surveiller les rues de ce district ancré dans l’arrondissement le plus populeux de Montréal, enchaînant ainsi toutes ses premières opérations professionnelles majeures si marquantes : le premier meurtre, la première transaction de drogue, la première opération majeure… On rencontre des collègues qui s’apparentent davantage à des personnages de bandes dessinées qu’à des agents de la paix, des criminels particulièrement singuliers et quelques personnalités qui ont marqué l’histoire de ce district, comme Ben Weider et Édouard Carpentier. Un récit qui se lit sur les chapeaux de roue !

Une marche incertaine

De Cécile Dostie, publié aux Éditions au Carré, ce récit émouvant, doux-amer, raconte « la marche incertaine » d’un couple qui déjoue « la voleuse de temps ». Ils ont beaucoup marché, avant comme après, seuls ou ensemble, ici ou ailleurs, pour des causes et pour le plaisir. Lorsque le couperet tombe, Raymond et Cécile apprennent le verdict : Raymond est atteint de la forme primaire progressive de la sclérose en plaques. Leur univers chancelle.

Du choc initial à la quête d’un certain équilibre, la route est longue et ponctuée de renoncements, de faux-pas, mais aussi de périodes d’apaisement et de plénitude. Le temps fera son œuvre et entraînera le couple sur des chemins qu’ils n’auraient autrement jamais fréquentés. Malgré son impuissance face à cette nouvelle réalité, Cécile l’accompagne au mieux, avec ses forces et ses faiblesses, comme lui avance au rythme des espoirs et des déceptions.

« C’est humain, et j’aime l’humanité dans tous ses états, de courage comme de faiblesse. (…) Je me méfie des théories qui attribuent au psychisme un pouvoir absolu sur le corps, particulièrement lorsqu’elles sont proférées par d’autres que le malade lui-même. (…) La dictature du positif n’est pas dépourvue d’effets pervers. (…) L’épreuve remet les pendules à l’heure : elle force à relativiser les beaux discours et à poser un pied devant l’autre, jour après jour, dans le réel. » 

Ensemble, ils apprivoiseront en toute simplicité l’incertitude que la maladie accentue. Une marche incertaine est un récit qui fait du bien, qui permet de comprendre le point de vue très humain de l’autrice sur la vie, avec humour, tout en arrachant peut-être, au détour, une larme ou deux aux lecteurs. Un livre très bien écrit, touchant, que je recommande vivement !

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