En vagabondant dans le sentier qui longe la Grande Rivière à Saint-Pierre, j’aperçois, tout à coup, à environ 100 mètres, un cerf immobile à l’entrée d’un chemin forestier. Je m’en approche. C’est une biche, elle est magnifique. Je lui adresse quelques paroles anodines.
Je reviens dans le sentier, rêveur, nourri par des vers de Rimbaud et des airs de Chopin.
La journée est torride. Le soleil est au zénith. Une brise paresseuse tempère peu la chaleur. Le temps s’est arrêté. Les oiseaux ont pris congé. Moins de quatre cumulus colorent le ciel. L’arôme des foins fraîchement fauchés embaume tout. Quelques petits papillons blancs virevoltent au gré de rien. Les premières cigales de la saison chantent leur joie. Dans l’air, flotte la poésie de mon lointain cousin Félix Leclerc. On entrevoit presque Les fées alignées près du ruisseau ; on entend Les crapauds chanter la liberté. Cependant, quelque chose m’ordonne de retourner voir la biche.
Elle est là dans les hautes herbes qui longent le chemin. Je suis debout devant elle ébloui par la candeur de son regard. Elle hoche un peu la tête et baisse les oreilles en guise de bienvenue. Une kyrielle d’éloges m’apparaît à l’esprit, je ne sais comment. Tu es la reine des cerfs, lui dis-je à voix haute. L’aristocrate de la forêt, c’est toi. Ta gracieuseté n’a d’égal que celle d’une ballerine russe. Tu composes si bien avec tes amis, les arbres. Le brame d’un mâle te fait rigoler. Et je continue un court moment pour enfin lui souhaiter qu’aucun chasseur ne convoite un jour sa vie. Suivent quelques instants muets. L’au revoir est bref mais émouvant.
Je reviens à la maison, la tête nue dans la lumière, le cœur en allégresse.
Comment une bête pouvait-elle « savoir » que ce jour de la mi-juillet était celui de mon 80e anniversaire de naissance ? Voulait-elle inconsciemment, souligner ma modeste contribution au bien-être de la faune durant ma vie ? Était-elle dirigée par un puissant don de télépathie ? Tout cela pouvait-il être fortuit ? Ou était-ce le concours des trois facteurs ? Certains animaux arrivent à poser des gestes qui nous sont bénéfiques mais qui nous paraissent quasi inexplicables. Souhaitons que d’autres lecteurs nous fassent part de leur expérience à ce sujet. En hommage au joli prénom de ma mère, je l’ai appelée ROSE. Cette histoire est entièrement véridique.
Rémi Bolduc
Un commentaire
Pour répondre a cet article de la biche savante.
Moi un jour j’étais triste, je vie seule et je revenais du travail en auto en me disant que j’apprécierais une surprise pour me remonter le moral. Mais bien sur avec personne a la maison les surprises sont rare.
Mais pas cette fois, l’univers avait vu ma tristesse et a mon arrivée chez moi, une magnifique petite nyctale m’attendait sur l’arbre près de la porte. J’en avais jamais vu en vrai, mon coeur c’est rempli de joie.
oui je crois que les animaux, ou l’univers nous ressent et nous envoie des cadeaux.
bien heureuse de vous avoir lu.