Chronique historique: l’hiver en Nouvelle-France

0

Sabrina Gamache-Mercurio

info@fondationfrancoislamy.com

L’hiver en a surpris plus d’un au début de la colonie. Nous n’avons qu’à penser au fameux Jacques Cartier qui perdit plusieurs membres de son équipage lors de son deuxième voyage, en raison du scorbut. C’est avec les Premières Nations que l’explorateur et ses troupes réussirent à bien s’alimenter, même en hiver, et ainsi survivre aux rigueurs et caprices du climat de la colonie. 

La nourriture 

L’alimentation devient rapidement un enjeu pour les colons qui viennent s’établir sur le territoire. Les hivers sont rudes et longs. Puisqu’il faut approximativement 30 ans avant qu’une terre devienne autosuffisante et soutienne la famille tout en lui fournissant des réserves pour la saison froide, les habitants devront se retrousser les manches, et rapidement, pour éviter le pire. 

La chasse et la pêche deviendront les solutions de rechange, évidemment. Avec les viandes récoltées qu’ils auront fumées, salées et séchées, ils pourront se faire des provisions pour l’hiver. Plusieurs installeront des pièges pour trapper de petits animaux. 

Le colon adoptera aussi des aliments tels la citrouille, la courge et le maïs qui se conservent bien. Après quelques années, les colons pourront toutefois entreposer certains aliments pendant la saison froide. Ils mangeront beaucoup de légumes racines (navet, oignons, carottes) alors que la pomme de terre ne sera introduite dans la vallée du Saint-Laurent qu’à l’arrivée des Anglais. 

En guise de friandise, les paysans récolteront les noix des hêtres à l’automne qu’ils feront sécher jusqu’à l’hiver. 

Les transports 

Au début, les déplacements étaient très ardus au sein de la population. Les habitants ont aussi appris de l’expertise des gens qui habitaient le pays bien avant eux. Ainsi, rapidement, plusieurs adoptèrent la raquette pour se déplacer sur la neige. 

Pierre Boucher, en 1664, affirme même que se déplacer en hiver en Nouvelle-France est plus commode et moins boueux qu’en France, notamment à cause de l’utilisation des raquettes. Il ajoute aussi qu’à cause de celles-ci, les habitants ont plus de facilité à tirer le bois, nécessaire pour le chauffage et la construction, avec des charrettes munies de patins, ce qui permet de glisser sur la neige. 

Lorsque les chemins seront plus développés, il faudra inévitablement les déneiger. Cette tâche incombe aux habitants : ils doivent passer des rouleaux tirés par leurs chevaux pour dégager les parcelles de routes passant sur leur terre. 

Le pont de glace 

Avant le pont, construit en 1935, le fleuve était la seule possibilité de sortir de l’île. L’été, on ne se pose pas la question : les nombreuses voies navigables du Québec permettaient de se mouvoir sur le continent. L’hiver, la seule manière de vraiment sortir de l’île était le pont de glace entre Québec, Lévis et la pointe ouest de l’île. On balisait des chemins sur le fleuve et les résidents pouvaient ainsi se déplacer d’une berge à l’autre… sans oublier les marchandises qui pouvaient aussi être transportées.

Bien que très commode pendant les longs mois d’hiver, au printemps, les insulaires espéraient que la glace fonde rapidement pour permettre la venue des bateaux avec des biens et des denrées apportés de France. En 1751, une procession religieuse est organisée à l’île pour implorer les forces divines d’accélérer le processus. 

Le pont de glace ne sert pas seulement de chemin pour se déplacer. On sait qu’en 1882 une large patinoire reliait Sillery et l’île d’Orléans. Tous pouvaient s’adonner au plaisir de ce sport de glisse prisé des Québécois. 

Tradition du feu du Jour de l’an 

Si, pour nous, passer le Jour de l’an aux quatre coins de la province ou même n’importe où sur le globe n’est plus ardu, c’était très différent pour nos ancêtres. Les déplacements étaient difficiles et peu de cultivateurs avaient le luxe de quitter leurs animaux et leur ferme pendant plusieurs jours. 

Dans les premiers temps, énormément de jeunes gens ont dû quitter leur île natale par manque d’espace pour s’établir. Beaucoup vont sur la Côte-du-Sud installer leurs pénates. Ainsi, pour se donner un sentiment de fêter avec leurs proches, plusieurs allumaient des feux de part et d’autre du fleuve.

Nos ancêtres se sont adaptés aux hivers rudes et froids avec force et résilience. Aujourd’hui, nous avons le luxe de jouir de cette saison hivernale dans la chaleur de nos activités et de nos foyers. Profitons de cette saison dite morte pour vivre pleinement la frénésie de l’hiver !

Share.

Leave A Reply