La sécurité à pied et à vélo et la conciliation entre la qualité de vie des résidents et le tourisme suscitent des discussions depuis plusieurs années à l’île d’Orléans. Le premier pas à faire consisterait à organiser une campagne de sensibilisation auprès des touristes et des automobilistes en particulier. Cette initiative clarifierait un « code de conduite » qui permettrait de les accueillir plus harmonieusement, sans compromettre la qualité de vie et la sécurité des résidents.
Voilà une des nombreuses idées soulevées lors de tables rondes dans le cadre du Petit sommet de la Démarche ICÎ qui a réuni une quarantaine de personnes, le 21 juin, au centre communautaire Le Sillon de Saint-François.
« Le mot d’ordre qui fait l’unanimité est la tolérance de part et d’autre. En partant de l’idée que personne n’est mal intentionné, il faut commencer par informer les visiteurs et leur communiquer les besoins des résidents, en ce qui concerne notamment la limite de vitesse permise et le respect de la propriété privée », a mentionné la chargée de projet de la Démarche ICÎ, Karine Moisan.
Initiée par l’Association bénévole de l’Île d’Orléans (ABIO), cette activité visait à présenter aux citoyens, aux organismes et aux élus de l’île les résultats de la collecte de données menée dans le cadre de la Démarche ICÎ.
Quelque 723 questionnaires ont été répondus sur les 3 122 expédiés en début d’année à toutes les portes de l’île.
Achat local
Autre enjeu prioritaire à l’île d’Orléans, la sécurité alimentaire.
« Un consensus se dégage autour de l’importance de faciliter l’achat local sur l’île et de nombreuses idées ont été apportées sur ce thème, par exemple l’instauration d’une carte de résident qui permettrait de se procurer les produits locaux à des prix abordables et l’organisation de marchés solidaires », a commenté Mme Moisan.
Toujours sur ce thème, des activités de glanage sont déjà prévues cet été dans le cadre du projet Moi je mange qui souhaite mettre la main à la pâte pour implanter des marchés solidaires.
Les autres enjeux prioritaires qui ont été identifiés à partir des résultats de l’enquête portaient sur la mobilité, le logement, les loisirs et l’isolement.
« Les discussions se sont déroulées de façon constructive, dans la bonne humeur et le respect mutuel, autour de trois questions centrales : Que voudriez-vous voir évoluer sur un horizon de trois ans par rapport à cet enjeu ? Quelles sont les solutions ou les pistes d’actions qui pourraient être envisagées pour améliorer la situation ? Quel serait le premier pas, la prochaine étape, à envisager pour tendre vers cet objectif (par quoi on commence) ?
De nombreuses bonnes idées ont été lancées lors de cet après-midi et seront évaluées dans le cadre de la planification des chantiers (projets pilotes) qui démarreront dès cet automne dans le cadre de la Démarche d’ICÎ, qui a vu sa subvention renouvelée par la Fondation Lucie et André Chagnon. Cette somme permettra de se donner les moyens d’agir concrètement pour lutter contre la défavorisation et améliorer la qualité de vie sur l’île.
Le projet Démarche d’ICÎ est le fruit d’un partenariat entre l’ABIO, le Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale, la MRC de L’Île-d’Orléans et la Fondation Lucie et André Chagnon.
Principaux résultats de la collecte de données de la Démarche ICÎ
Marc Cochrane
Un total de 723 réponses sur les 3 122 sondages expédiés, donc 23 % de retour.
Isolement des personnes âgées
9 % sont des familles monoparentales.
24 % sont des personnes vivant seules.
26 % sont des personnes âgées vivant à Sainte-Pétronille ( record provincial ).
Les personnes âgées ont répondu à 79 % (50 ans et plus) et les jeunes à 21 % (25-49 ans).
Mobilité
325 personnes travaillent en dehors de l’île (49 %).
21 % travaillent sur l’île.
Pour 48 ménages, la distance est un obstacle à l’emploi.
Pour 15 ménages, la distance est un obstacle à la formation.
97 % des répondants possèdent une automobile.
41 % des répondants marchent.
22 % ont un vélo.
10 % ont une motoneige et un VTT.
98 % utilisent leur automobile pour aller à l’extérieur de l’île pour les courses (épicerie, médecin et achats).
5 % utilisent le transport en commun.
95 % des répondants n’ont jamais pris le transport en commun, 5 % l’ont fait à l’occasion, 57 % n’en ont pas besoin.
Pour 30 %, ce service ne répond pas à leurs besoins.
12 % ne connaît pas le service.
Les gens aimeraient que le transport en commun soit en vigueur le soir et les fins de semaine, pour les jeunes notamment.
Logement
16 % des propriétaires estiment que leur propriété nécessite des travaux majeurs.
Dans 44 % de ces cas, les travaux sont urgents.
Seulement 43 % d’entre eux estiment avoir la capacité financière de réaliser ces travaux.
48 % consacrent moins de 25 % de leur revenu pour le logement.
Près du quart des répondants consacrent plus de 30 % de leur revenu à leur loyer.
Sécurité alimentaire
Obstacles : les coûts ainsi que la distance entre la résidence et les commerces d’alimentation limitent les achats et la qualité de produits achetés.
602 répondants qualifient leur alimentation de diversifiée, équilibrée et satisfaisante.
95 % des gens croient que dans le contexte actuel il faudrait développer l’autonomie alimentaire et favoriser l’achat local.
Les répondants démontrent un intérêt pour le glanage (récolte de surplus dans les champs) ; 255 personnes sont intéressées.
Santé physique et mentale des insulaires
32 % n’ont pas de médecin de famille.
6 % ont un médecin de famille sur l’île.
98 % affirment avoir une santé mentale excellente, très bonne ou bonne.
95 % affirment avoir un état de santé excellent, très bon ou bon.
102 personnes ont déclaré avoir un niveau de stress élevé.
Les hommes de 65 ans et plus, les adultes de 30-39 ans et 40-49 ans ainsi que les salariés ont un indice de détresse psychologique élevé.
Des analyses plus poussées sont nécessaires pour identifier et mieux connaître les groupes plus vulnérables ; elles auront lieu cet automne.
Solitude et isolement
73 personnes ont déclaré un sentiment de solitude élevé et 64 personnes un sentiment de sécurité très faible.
Le soutien social diminue de façon constante avec l’âge.
Vie de famille, vie sociale
De façon générale, les insulaires considèrent l’île d’Orléans comme un milieu favorable pour élever une famille et un milieu sécuritaire pour les enfants.
Cependant, il n’y a pas assez d’activités de loisir pour les adolescents.
12 % des parents n’ont pas accès au service de garde dont ils auraient besoin.
Plusieurs personnes évoquent l’esprit d’entraide qui règne sur l’île.
Tranquillité menacée par le tourisme
Le sujet de la piste cyclable revient très souvent. Les gens veulent se déplacer à vélo et à pied de façon sécuritaire et profiter de leur île
16 % des répondants ont songé à quitter l’île au cours de la dernière année en raison de leur âge avancé, de la circulation dense, du tourisme, de la distance, des services de loisirs pour les enfants ou en raison du pont.
Sentiment d’appartenance à l’île
53 % ont un sentiment d’appartenance très élevé à leur municipalité.
70 % ont un sentiment d’appartenance très élevé à l’île d’Orléans.
Fiers d’habiter à l’île
Beauté des paysages, proximité du fleuve, patrimoine agricole, berceau de l’Amérique française, propension à l’entraide.
2 000 travailleurs saisonniers étrangers. Indispensable. Très peu ont interagi avec eux mais aimeraient le faire.