Chronique Des histoires à dormir debout : la légende du cheval noir bâtisseur

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Sylvie Lavoie

lamaisondelile1900@gmail.com

L’Halloween est à nos portes. Je profite de l’occasion pour me lancer dans une nouvelle aventure d’écriture. Je revisite les légendes de l’île. Je vous invite à vous joindre à moi, car une légende peut révéler des faits insoupçonnés.

La première légende choisie en est une que l’on retrouve dans un nombre impressionnant de paroisses, dont celle de Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans : La légende du Cheval noir bâtisseur. La version de l’île diffère des autres notamment parce qu’il est question de la métamorphose d’un cheval grâce au grimoire d’Albert Magnus.

La légende se raconte ainsi : lors de la construction de l’église de Saint-Laurent, les chevaux souffraient pour transporter les pierres au chantier, car les coteaux et la montée étaient abrupts. L’entrepreneur dit alors aux ouvriers : « Je vais me procurer un cheval très fort, capable de fournir à lui seul autant de travail que tous les autres réunis ». L’entrepreneur s’enferma alors avec un cheval et le Petit Albert.

Quelques jours plus tard apparut sur le chantier un splendide cheval noir. L’entrepreneur le confia aux bâtisseurs avec la consigne de ne le débrider sous aucun prétexte. Le soir venu, le cheval paru si fatigué, si exténué, si souffrant que son charretier en eut pitié. Il le conduisit au ruisseau voisin et, pour le faire boire, lui enleva sa bride. Aussitôt… le cheval disparut ! Désespéré, le charretier se jeta dans le ruisseau où il se transforma en anguille.

La construction de l’église fut ainsi interrompue et, par le fait même, le dessein du diable. Ce dernier avait comme intention d’emporter l’âme de la première personne à franchir le seuil de l’église une fois sa construction terminée. Pour contrer le projet du diable, les bâtisseurs ont décidé de ne pas poser la pierre finale au sommet de l’église.

Dans la région de Charlevoix, il existe une histoire semblable. Toutefois, il est question de la construction d’un pont et non d’une église. Lorsque j’écoute Les révélations choc de la commission Charbonneau, je me dis que, depuis, le diable a peut-être décidé d’élargir son champ d’action… Mais revenons à notre histoire.

Un livre magique nommé Petit Albert

Le livre existe vraiment. Écrit au XIIIe siècle, son titre officiel est : Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du Petit Albert — un bestseller à son époque —. C’est un grimoire, c’est-à-dire un livre de magie comprenant des instructions et des recettes. On y retrouve, notamment, le fameux « secret pour faire faire à un cheval plus de chemin en une heure qu’un autre en fera en huit heures » ; des recettes très difficiles à exécuter et qui nécessitent des ingrédients rares, coûteux ou difficiles à identifier. 

On raconte qu’il était davantage lu par les cultivateurs que par les sorciers. Il s’avère que les agriculteurs utilisaient davantage l’almanach — le mode d’emploi annuel — qui accompagnait le Petit Albert. Il comptait un calendrier, incluant des conseils de jardinage, des trucs et astuces, etc. Vous me voyez venir… L’almanach est toujours d’actualité. Ainsi, pour 2023, l’Almanach des fermiers prévoit une saison hivernale « déraisonnablement froide et enneigée ».

Épilogue

Aux vues des agissements de certains ecclésiastiques, le malin a peut-être décidé de changer de peau. Comme qui dirait : « Le diable est aux vaches ».

Vous avez des histoires à conter ?

N’hésitez pas à m’écrire à lamaisondelile1900@gmail.com

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Cet article a été écrit par un collaborateur. Autour de l'île tient à remercier tout ceux et celles qui contribuent par leur écrits au dynamisme du journal et de son site Internet.

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